Lamothe s’est pris les pieds dans le tapis


Des députés de l’opposition


Les députés du bloc Parlementaires pour le renforcement institutionnel (PRI) n'ont pas fait dans la dentelle. Passant de la parole aux actes, ils ont empêché le Premier ministre, Laurent Lamothe, de présenter son bilan à l'ouverture de la première session ordinaire de l'année législative, ce lundi, en présence du corps diplomatique et de personnalités de la classe politique.

"Je me plie aux exigences de la Constitution en soumettant au bureau de l’Assemblée nationale les exemplaires du bilan de l’action gouvernementale pour l’année 2012 et les perspectives pour l’année 2013",  a déclaré Laurent Lamothe, alors que fusaient bruits de cloche, sifflets et interjections hostiles, avant de remettre le document au président de l’auguste assemblée.

Mettre "ses devoirs au propre"

Faisant un maximum de bruit, les parlementaires de l’opposition ont offert un spectacle inédit dans l’enceinte du Parlement – qui en a pourtant vu d’autres. "Par cet acte, nous espérons que le PM va  prendre conscience de son état et s’il n’est pas un mauvais élève, il mettra ses devoirs au propre", a  dit le député Sadrac Dieudonné, le chef du PRI, tout en s’indignant du fait que Laurent Lamothe a boudé plusieurs invitations ainsi qu’une convocation du bloc. Les parlementaires du PRI jurent qu’ils ne cesseront leur travail de sape que lorsque leurs communes auront reçu les fonds idoines prévus dans le budget national…

Pour le député Abel Descollines, l’acte posé par ses collègues du PRI est "impensable et malheureux pour la démocratie" et tend à ternir l’image du Parlement. Le porte-parole du bloc Parlementaires pour la stabilité et le progrès (PSP) déplore, de surcroît, le fait qu’au sein même du bureau de l’Assemblée nationale, il y a un membre du PRI qui participait au boycottage de la présentation du bilan du Premier ministre.

Carton jaune au président !

Les députés de l’opposition qui ont boycotté Laurent Lamothe n’ont pas laissé Martelly tranquille non plus. Comme un arbitre sanctionnant des joueurs qui ont commis des fautes, ils ont symboliquement tenu en l’air des cartons jaunes pendant que le chef de l’État prononçait son discours.

Dans son exposé général de la situation, le chef de l’État a manifesté le désir de favoriser une relation fructueuse entre l’exécutif et le législatif. "La collaboration de ces deux branches de l’État est indispensable pour une bonne gouvernance. Il nous faut donc transcender nos divergences pour travailler aux bénéfices des intérêts supérieurs du pays", a dit le premier mandataire de la nation.

Tout au long de son discours, le président Martelly a mis l’accent sur la nécessité d’une croissance modérée de l’économie haïtienne pour l’année 2013. "Nous comptons, a-t-il continué, sur l’effort de tous pour favoriser cette croissance".

Bilan et perspectives, au terme de ces deux années de mandature

Michel Martelly, qui sera resté deux ans au pouvoir en mai prochain, se félicite des réalisations de son administration et des perspectives pour l’année à venir. "Les grands chantiers  de la reconstruction se poursuivent, tels que la construction de l’aéroport du Sud, le route Cayes-Jérémie, la route Hinche-Cap-Haïtien, la route Fermate-Frères, la construction des bâtiments publics, la construction de logements sociaux et d’infrastructures de santé, le fonctionnement du parc industriel de Caracol", sont quelques-uns des éléments cités par le président de la République.

"Par delà les clivages idéologiques et politiques, poursuit-il, je demeure ouvert aux discussions avec tous les secteurs dans le respect des règles du jeu démocratique en vue d’organiser des élections libres, transparentes et démocratiques." Le chef de l'État a, par ailleurs, invité tous les acteurs politiques et sociaux à l’apaisement, condition nécessaire à l’investissement et à la création d’emplois dans le pays.

Refonder l'État haïtien

Le président de l’Assemblée nationale, Simon Dieuseul Desras, a, pour sa part, plaidé en faveur de "la cause de la reconstruction du pays et de la refondation de l’État, susceptible de réparer les préjudices matériels et moraux subis par nos populations martyres". Il en profite pour inviter tout un chacun à célébrer le 206e anniversaire du Parlement haïtien, l’un des premiers d’Amérique.

Bilan législatif 2012

Le sénateur Desras a profité de l’ouverture de la session ordinaire pour dresser un bilan des activités du Parlement pour l’année législative 2012. "Pour un total de  27 séances plénières, le Sénat a voté 17 lois, 26 rapports de commission ont été déposés, 16 résolutions adoptées, 16 choix ratifiés, dont des ambassadeurs et le chef de la police nationale, 3 instruments internationaux ratifiés. À la Chambre basse, 28 séances plénières ont été organisées et 8 lois votées…", selon les chiffres cités par le président de l’Assemblée nationale.